Marché des grains La France compétitive en orge et en blé
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des céréales, oléagineux et protéagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
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En synthèse : stabilisation à légère baisse pour le maïs et les céréales françaises cette semaine tandis que le colza s’apprécie encore.
Blé : nouvelle baisse mesurée des cotations françaises
Cette semaine, le blé meunier s’est stabilisé à Rouen, proche de 162 €/t, soutenu par la faiblesse de l’euro face au dollar. En position Fob, exprimé en dollar, il a de nouveau reculé de 2 $/t, tout comme le blé russe, tandis que l’origine ukrainienne s’est renchérie de 4 $/t. Le blé français ne vaut que 1 $/t de plus que le blé ukrainien, ce qui lui permet d’être parmi les origines mondiales les plus compétitrices.
La preuve en est avec le dernier appel d’offres de l’Égypte : pour la première fois depuis le début de la campagne de 2019-2020, la France a réussi à s’imposer pour 60 000 t lors d’un achat du Gasc (Égypte), d’un montant total de 350 000 t. Le reste de l’appel d’offres a été remporté par la Russie (230 000 t) et l’Ukraine dans une moindre mesure. La Turquie, de son côté, a également annoncé un appel d’offres pour 250 000 t de blé meunier.
Les blés argentins commencent tout juste à atteindre le stade de la floraison, tandis que les parcelles commencent à manquer un peu d’eau et que les températures sont légèrement supérieures à la moyenne. L’incertitude reste donc présente concernant l’offre argentine, tout comme pour celle de l’Australie. Néanmoins, le blé argentin sur l’échéance de décembre a également reculé de 2 $/t et suit pour l’instant l’évolution des prix mondiaux.
Le marché semble avoir déjà bien acté la hausse de la production de blé tendre au Canada d’une campagne sur l’autre et les dernières informations publiées cette semaine par l’Office canadien de la statistique n’ont pas insufflé de mouvement particulier sur le marché mondial du blé. Seuls les pays de l’hémisphère Sud pourraient donc encore apporter de l’incertitude en termes de volume et donc éventuellement de prix, mais plus tard dans la saison.
Orge : les acheteurs sont présents, mais les volumes ne surprennent pas
L’orge rendu Rouen n’a pas évolué cette semaine (151 €/t), soit 172 $/t Fob, tiraillée entre la bonne activité portuaire, en particulier vers la Chine, et l’abondante offre mondiale de cette année. Les prix argentins et australiens ont cédé 3 $/t au cours de la semaine, tandis que les orges ukrainiennes et russes ont perdu 1 $/t seulement (à respectivement 179 $/t et 180 $/t). Les prix se sont légèrement érodés alors même que la semaine a été active sur le marché mondial avec l’achat de 780 000 t de l’Arabie Saoudite et un appel d’offres de la Turquie pour 200 000 t. Pour le moment la perspective d’importants stocks de fin de campagne chez l’ensemble des exportateurs mondiaux tire les prix vers le bas, d’autant que cette demande est plutôt habituelle et même un peu décevante en termes de volumes de la part du mastodonte du Moyen-Orient.
Les prix Fob des orges de brasserie à Creil ont perdu 1 €/t, à 158 $/t, pour l’orge d’hiver et 2 €/t, à 165 €/t, pour l’orge de printemps. Les prix de la récolte de 2020 ont également reculé du même ordre de grandeur (à respectivement 170 €/t et 180 €/t). Les chargements d’orge de brasserie se poursuivent également, mais ralentissent par rapport à ces dernières semaines. La Chine est en effet plutôt à la recherche de lots à plus de 9,5 % de protéine, alors même que la France est pénalisée cette année sur ce critère.
Maïs : légère baisse en France mais hausse sur le marché mondial
Après deux semaines de baisse, les cours mondiaux de maïs ont repris des couleurs. Ainsi, les prix ont gagné 5 $/t en Fob Brésil, +4 $/t en Fob Argentine et Ukraine et +2 $/t en Fob US, alors que les prix français sont stables en dollar (à 189 $/t). En euros, les prix du maïs français cèdent 1 à 2 €/t selon les places.
Les statistiques douanières du mois de juillet ont été publiées pour l’Argentine, le Brésil et l’Ukraine. Ces trois pays ont exporté des quantités records au cours de cette période, illustrant leur bonne compétitivité sur le marché mondial et les très bonnes récoltes engrangées (à l’automne dernier pour l’Ukraine et au printemps et au début de l’été pour l’Argentine et le Brésil).
Les maïs américain en ont fait les frais et nos prévisions d’exportations au départ de ce pays sont revues à la baisse. Aux États-Unis justement, le président Trump essaie tant bien que mal de rassurer les producteurs de maïs en annonçant de nouvelles mesures pour favoriser l’utilisation du maïs pour la production d’éthanol. Celle-ci a été mise à mal par une recrudescence des autorisations données par l’administration Trump à de nombreuses entreprises leur permettant de ne pas respecter les taux d’incorporation obligatoires d’éthanol. Il reste à voir si cet effet d’annonce aura un réel impact sur la demande intérieure en maïs.
Contexte encore haussier pour le colza européen
Dans l’Union européenne, la mauvaise récolte de 2019 continue de soutenir les prix du colza. Le cours du colza à Rouen grimpe de 6 €/t cette semaine, à 379,50 €/t, sous l’influence des résultats très hétérogènes enregistrés un peu partout en Europe, que ce soit à l’ouest (France, Royaume-Uni, Allemagne), au centre (République tchèque) ou à l’est (Roumanie). La moisson de 2019 devrait finalement s’approcher des 17 Mt (millions de tonnes) en recul de presque 3 Mt par rapport à la campagne précédente. La hausse des cours est toutefois plus modérée en Fob Moselle et sur Euronext (+1 €/t), tempérée par l’amélioration des conditions climatiques au Canada. En effet, des chargements records au départ de ce pays sont attendus en Europe de l’Ouest, en raison des fortes disponibilités exportables de ce pays, boudées par les acheteurs chinois.
Cette semaine, au Canada, le prix du canola recule de 4 $/t malgré la publication par Statcan d’une nouvelle estimation de récolte le 28 août à seulement 18,5 millions de tonnes (contre 20,3 l’an passé). La chute de la récolte canadienne n’est pas de taille à concurrencer l’excédent hérité de la campagne précédente : les prix canadiens se doivent d’être compétitifs pour trouver un maximum de débouchés sur les prochains mois. De plus, les conditions se sont plutôt améliorées pour les cultures sur les dernières semaines, avec des précipitations régulières et des températures proches de la normale.
En Australie, le potentiel des cultures n’est pas excellent, avec certaines régions toujours trop sèches, notamment dans l’Ouest, principale zone de production. La situation reste fragile dans ce pays continent, les prévisions météorologiques indiquant pour le moment un printemps austral plus sec que la moyenne.
Recul des cours du tournesol
Le prix français du tournesol recule cette semaine principalement sous l’effet de la chute des cours au départ de la mer Noire, eux-mêmes « plombés » par une hausse des droits d’importation du tournesol en Turquie. Le prix du tournesol à Saint-Nazaire recule de 2,50 €/t sur la semaine, à 325 €/t, alors que les retours de moisson en France sont très hétérogènes.
Départ mer Noire, les prix chutent de 35 $/t sur la semaine, à 335 $/t (de presque 10 %). En effet, la Turquie a brusquement remonté les droits d’importation du tournesol de 20 à 27 % à la fin de semaine dernière pour protéger les prix intérieurs. Ce pays étant la principale destination pour les exportations ukrainiennes, les prix Fob mer Noire ont chuté afin de retrouver de l’intérêt pour les triturateurs turcs.
La récolte démarre tout juste en Ukraine. Les premiers rendements s’avèrent assez proches de l’an dernier.
Prix atones pour le soja
Les prix du soja à Chicago n’évoluent guère sur la semaine. Ils restent situés autour de 315 $/t sur le rapproché et à 319 $/t sur novembre. Les relations sino-américaines restent fragiles. Même si les négociations commerciales ne sont pas rompues, les États-Unis et la Chine négociant actuellement un report des hausses de droits d’importation récemment annoncées de part et d’autre, cela maintient les prix à un niveau très bas.
Le retard de développement des sojas américains, à cause de des semis très tardifs vu la forte pluviométrie en mai-juin, reste de mise. Le risque de gel précoce sur des plantes non matures inquiète le marché. Les conditions des cultures se sont toutefois un peu améliorées durant la semaine du 19 au 25 août (hausse de deux points de la part des champs dans un état « bon à excellent ») mais restent bien moins bonnes que l’an passé.
Les prix des tourteaux restent bas
Le cours du tourteau de soja à Chicago se corrige en légère baisse (–2 $/t) alors que le prix à Montoir remonte un peu (+2 €/t). Les prix des tourteaux restent néanmoins très bas.
Le prix du pois fourrager recule (–2 €/t départ Marne) afin que le pois reste attractif face à ses concurrents dans les rations.
À suivre : compétitivité Union européenne-mer Noire, avancée des récoltes de tournesol et colza (mer Noire/Union européenne), conditions climatiques au Canada, en Australie et Argentine, aux États-Unis (soja et canola), négociations commerciales sino-américaines
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